Carmen 65 (in French by Maurice Rat) |
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Le chagrin qui me dévore sans cesse, Ortalus, m'enlève aux doctes vierges ; je ne puis voir germer les douces inspirations des Muses au milieu des cruelles agitations de mon âme ! [5] Il n'y a guère encore que les ondes du gouffre Léthéen baignent les pieds blêmes de mon frère ; que la terre troyenne couvrant ses restes aux rivages de Rhétée le dérobe à nos regards.
J'aurais beau te parler, je ne t'entendrai jamais plus me raconter tes hauts faits ? [10] Je ne te verrai plus, ô mon frère, qui m'étais plus cher que la vie ! mais du moins je t'aimerai toujours, toujours je soupirerai des chants plaintifs sur ta mort, comme, sous l'ombre épaisse des rameaux, la Daulienne gémissante déplore la perte d'Ityle.
[15] Cependant, Ortalus, malgré de tels chagrins, je t'envoie ces vers imités du descendant de Battus ; tu le vois, tes paroles, jouets du souffle des vents, ne sont point sorties de ma mémoire ; comme parfois du sein pur d'une vierge [20] s'échappe la pomme, don furtif d'un amant : oubliant qu'elle l'a cachée sous sa robe, à l'arrivée de sa mère, la pauvre enfant se lève, le fruit tombe, roule à ses pieds et une rougeur indiscrète se répand sur son visage désolé.
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© copyright 9-7-2004 by Maurice Rat |
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