Furius et Aurélius, compagnons de Catulle, soit qu'il pénètre jusqu'aux extrémités de l'Inde dont les rivages retentissent au loin, battus par les flots de la mer Orientale ; soit qu'il parcoure l'Hyrcanie et la molle Arabie, ou le pays des Sages et celui des Parthes armés de flèches, ou les bords du Nil qui par sept embouchures va colorer les ondes ; soit que franchissant les hautes cimes des Alpes, il aille voir les trophées du grand César, le Rhin gaulois ou les Bretons sauvages qui habitent aux confins du monde ; vous qui êtes prêts à partager mes dangers partout où me conduira la volonté des dieux, portez à mon amante ces brèves paroles dépourvues de douceur : - Qu'elle vive et se complaise au milieu de cette foule de galants qu'elle enlace en même temps sans en aimer aucun sincèrement, mais en brisant leurs vies à tous successivement. Seulement qu'elle ne compte plus, comme autrefois, sur mon amour, sur cet amour qui est mort par sa faute, comme la fleur sur le bord d'un pré qu'a touchée en passant la charrue.